Dominique Carrié est une femme libre. C’est parfois difficile. Il faut pour cela assumer son indépendance, se tenir à ses convictions, affronter les conservatismes, faire bouger les conventions. Mais rien de tout cela ne lui fait peur. Elle vit sa vie sereine, ce qui ne veut pas dire tranquille. Elle ne cherche rien d’autre que la voie du milieu entre le goût de la solitude et le plaisir d’aller vers les autres car l’humain est toujours celui qui a besoin de se lier et de se détacher.

Dominique Carrié est une artiste libre. Ce n’est pas si facile. Il faut pour cela se tenir à l’écart des modes, des mondanités, des  influences marchandes, des vogues passagères. Rien de tout cela ne lui importe ni ne l’influence. Elle crée son monde, puise dans ses inspirations personnelles, ne s’astreint à rien d’autre que répondre à son impératif de création et d’aller jusqu’au bout car l’artiste est toujours celui qui ose et qui « insiste ».

En tant que femme, en tant qu’artiste, Dominique Carrié cherche et imagine les paradis perdus, quand cette liberté était encore simple et naturelle.

Dans sa vie, elle cherche des pratiques qui font l’éloge de la douceur et de la lenteur, des qualités rares dans notre modernité pressée et rationnelle.

Dans son art elle revisite à sa façon notre part animale, notre corps encore nu, notre désir, mais aussi notre plaisir du jeu, notre goût du travestissement, transgressif et enfantin. Elle ne se soucie pas d’avoir un « style » et ne s’inquiète pas du caractère hétéroclite de ses créations. Elle surprend, elle dérange, elle interpelle, elle séduit, mais toujours avec une sorte de simplicité qui ramène aux
racines de la peinture, à ce travail qui est aussi celui de l’artisan.

Quand elle joue avec des formes et des matières de chaussures de femmes qu’elle transforme en objets fantastiques, elle nous ramène là-aussi à des paradis perdus, mythologiques, ceux de toutes les métamorphoses possibles, comme si
Ovide rencontrait Jérôme Bosch.

Mais rien de pédant, rien de savant. L’art de Dominique Carrié ne se perd pas en d’inutiles concepts. Il révèle la liberté de créer et stimule en chacun de nous la quête d’une même liberté d’allure.
 

Yves Gerbal, 28 décembre 2019